Les personnes Handicapées
sont-elles oubliées dans les stratégies de lutte contre le VIH : les
chiffres parlent ?
Comment réduire l’écart
entre le taux de prévalence national et celui des personnes handicapées à
l’occasion des journées internationales du VIH le 1er décembre et
des personnes handicapées le 03 décembre ? En effet, le taux de prévalence du
VIH chez les personnes handicapées est plus de cinq
(05) fois supérieure à la proportion
nationale.
Le
1er décembre est la journée mondiale de lutte contre le sida. Cette
journée internationale est consacrée à la sensibilisation de la pandémie du
sida. Le 03 décembre est la journée internationale des personnes handicapées. Cette
Journée internationale des personnes handicapées a été instituée par les
Nations Unies depuis 1992 afin de permettre une meilleure connaissance du
handicap, des droits des personnes handicapées et l’inclusion. Ces deux dates majeures
poussent à réflexion notamment sur la problématique VIH et Handicap. En effet,
le taux de prévalence national du VIH est de l’ordre de 0,8% selon les
statistiques nationales en 2018 et le taux de prévalence au niveau des
personnes handicapées est de 4,6%, selon l’étude bio comportementale sur la
vulnérabilité des personnes handicapées face au VIH de l’IRSS, commanditée par
l’ONG Humanity & inclusion en collaboration avec le Secrétariat permanent
du Conseil national de lutte contre le Sida et les infections sexuellement
transmissibles (SP / CNLS-IST). Le graphique suivant illustre cette différence.
Figure 1: taux national de prévalence du
VIH vs taux de prévalence des personnes
handicapées
Nous
sommes alors en droit de nous poser les questions suivantes :
1-
Quelles sont les facteurs explicatifs de
cette différence entre les deux taux de prévalence ?
2-
Quelles sont les solutions pour réduire
l’écart de ces deux taux ?
Pour
répondre à la première question nous avons exploité les résultats de l’étude
comparative entre les recommandations de l’article 25 (relatif à la santé des
personnes handicapées) de la Convention relative aux droits des personnes
handicapées et leur application concrète à travers les lois, politiques et
stratégies santé inclusives (2018). En effet, le rapport stipule que les
personnes handicapées ne constituent pas une cible prioritaire de lutte contre
le VIH à contrario des populations clefs[1]. En
conséquence, le paquet minimum de service VIH et les outils et canaux de
communication sont peu inclusifs des personnes handicapées. Cette prévalence
est élevée du fait de la marginalisation des personnes handicapées, de la
difficulté d’accès aux dépistages et aux traitements
antirétroviraux,
des violences sexuelles à leur égard, de la stigmatisation des personnes
handicapées.
Ainsi,
les solutions pour lutter contre le fort taux de prévalence du VIH au sein des
personnes handicapées passent nécessairement par une amélioration du cadre
juridique de protection des droits des personnes handicapées et de lutte contre
le SIDA et les autres IST ; en l’occurrence une relecture des lois :
012-2010, 030-2008 et 049-2005 s’impose afin de tenir compte de l’esprit de la
Convention relative aux droits des personnes handicapées. Par ailleurs, une
solution opérante de la prise en compte des personnes handicapées dans la riposte
du VIH doit comprendre la formulation d’indicateurs clairs sur les personnes
handicapées dans la lutte contre le VIH/SIDA par le CNLS à travers de collectes
régulières de données. Dans lutte, les personnes handicapées elles-mêmes et des
leurs organisations/Association ont un rôle capital à jouer. Des conventions de
collaborations entre associations de lutte contre le SIDA et celles œuvrant
dans le domaine du handicap doivent être conclues. Du reste, pour une bonne
prise en compte des personnes handicapées dans la lutte contre le VIH, les
prestataires de santé doivent être former sur le handicap et les préoccupations/besoins
spécifiques en matière de santé des personnes handicapées. La carte d’invalidé
doit servir à l’accès des droits associés.
BONKOUNGOU Michel, Statisticien-Blogueur.
[1]
Dans le
contexte du VIH, les populations-clés comprennent : les hommes ayant des
rapports sexuels avec des hommes, les personnes transgenres, en particulier les
femmes transgenres, les travailleurs du sexe, les consommateurs de drogues
injectables, les personnes vivant avec le VIH et les personnes incarcérées ou
en détention.
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